Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait.
Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken. Et pour Barbie, la crise se révèle avec le surgissement, façon impact du Réel, du signifiant “mort” dans cet éden kitch où les ombres, le gris, l'argent, les larmes et le décès n'existent pas et où le seul impératif est de jouir de la vie. Le deuxième symptôme c’est la disparition de l’arche plantaire démesurée de Barbie (le chausseur Christian Louboutin parle de cette cambrure comme ce qui donne l'attitude de la jouissance). En épousant de son pied devenu plat la surface de la Terre, Barbie s’incarne et s’éveille à l’angoisse existentielle en découvrant les fondements patriarcaux de cette société édulcorée. Pour Ken la seule porte de sortie sera d'accepter qu'il est en fait fragile et sensible et qu’il doit retrouver, à chaudes larmes, sa vraie nature. Barbie Land devient le paradis perdu d’un monde techno-écolo à l'esthétique Frutiger aéro, monde impossible à entretenir sans sacrifier le naturel… Tout cela sera remplacé par le vrai monde, celui des émotions naturelles et authentiques. Mais est-on vraiment sûr que le patriarcat délétère fustigé ne soit pas issu de la vraie nature plus que de la pensée humaine ?
Christophe Aveline
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